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J'ai rencontré une femme cette semaine. Belle. Une rencontre belle et fortuite, par un caniculaire après-midi du sud de la France. Rien ne m'avait préparé à rencontrer une aussi belle personne, une aussi belle âme. Sans conteste mille fois plus belle que la quasi totalité des âmes que j'ai pu croiser à ce jour.
J'étais dans un endroit qui … Et bien j'aimerais vous dire que le lieu importe peu, mais cela serait faux. J'étais chez ma coiffeuse tout simplement, pour un gros boulot sur ma nouvelle couleur, à profiter de sa clim' jouissive pour quelqu'un ayant un bol à soupe de décolo' sur le scalp. J'aimerais vous dire que j'ai trouvé un moyen de romancer cela de façon plus jolie, plus romanesque, que de balancer de but en blanc le fait suivant important : que pour résumer j'étais donc en train de décéder sous l'odeur d'ammoniaque brûlant mes narines en même temps que mes neurones, par une journée épuisement chaude et humide, pas maquillée et avec des superbes cernes noires premier choix bien évidemment. Ah et j'oubliais un détail : mon vernis des doigts de petons qui se barrait méchamment. C'est un détail important pour la suite.
Bref je patientais ainsi, prenant mon mal en patience en attendant la combustion totale de la santé de mon cuir chevelu, quand une nouvelle cliente est entrée.
Eve était une femme dont l'âge restera dissimulé -on ne demande pas son âge à une lady voyons !- mais que ma coiffeuse et moi avons estimé à 78 ans. Eve est grande et mince, squelettique même. Sa peau est ridée, proche d'un parchemin quelque peu jauni de la bibliothèque d'Alexandrie. Un léger trait de liner bleu marine, un rouge à lèvre framboises écrasées translucide. Des cheveux courts et blonds cendrés, asymétrique. Un coté quasi rasé, et de l'autre une vague, un mouvement ample et dessiné, qui se termine par une boucle refermée sur elle-même, telle la coquille d'un gastéropode. Eve porte une robe bleu marine et blanc fatigué, avec un col claudine blanc lui aussi. Le devant du col se referme avec un petit bouton rond et nacré, la robe est d'une paterne fleurie de larges fleurs. Ses mains et ses bras ne présentent pas de tâches, elle a encore toutes ses dents, elles sont un peu longues. Eve porte des bagues aux doigts, d'or et de perles blanches, fines ; je ne me rappelle plus si ses poignets étaient ornés, mais je me rappelle de ses boucles d'oreilles pendantes. J'ai été comme captivée, fascinée par le mouvement de ces boucles, que j'ai vues se mouvoir au ralenti, quand Eve faisait un large mouvement de tête pour parler à ma coiffeuse.
Vous devez vous attendre à ce que je vous explique en détails pourquoi Eve m'a autant marquée. Pourquoi est-elle si classe. Qu'est-ce que cette femme a de plus. Pourtant je vous mentirais si je vous disais me souvenir en détails de ce qui s'est passé, de chaque mots, de chaque gestes. Tout s'est passé si vite. Un ouragan de quelques minutes dans ce petit salon de coiffure, dans ma vie. Une rencontre fortuite qui m'a marquée et qui ne se reproduira pas, je garderais à jamais l'image de cette femme telle que je vous l'ai présentée, figée dans ma mémoire.
Vous devez être déçus. Vous allez l'être encore plus quand je vous apprendre, qu'en réalité le sujet de cette histoire, ce n'est même pas Eve. Le sujet, c'est une phrase, courte, juste quelques mots prononcés par ma coiffeuse. Mais reprenons le récit, amenons le contexte.
A peine entrée, Eve est le genre de femme qui s'impose. Pas le genre de femme discrète dont personne ne remarque l'entrée, le genre de femme qui reste tête basse et silencieuse, gesticulant le moins possible pour se fondre dans le tableau sociétal. Non Eve chamboule, gesticule, émousse, crie, se présente. Elle n'est pas timide et elle n'a pas froid aux yeux. Sa conversation est riche et chaude d'émotions, directe et sans détours, sincère et instantanée, c'est une femme qui répond du tac au tac. Pire que cela, elle répond même avant que vous ayez fini votre phrase. On se sent comme si on tournait au ralenti, que notre cerveau était constipé, tandis que le sien possède la 4G, la fibre optique et la connexion illimité de la NASA. On sent écrasé, envoûté, transporté, marionettisé par son torrent de vitalité. Eve, chère Eve.
Eve est une mamie au goût du jour. Je ne la connais ni d'Adam, ni d'Eve, mais Eve s'impose à moi. Elle s'assoit à coté, me dit qu'elle adore mes cheveux bleus -celui où on n'avait pas encore posé de décolo'-, me pose des questions sur ma prochaine couleur, voit mes piercings, me complimente, aperçoit un tatouage, saisi mon bras et retrousse ma manche pour le contempler de près, ses doigts doux caressant mon encre. Je lui dit qu'elle a une belle robe, elle me dit qu'elle l'a depuis plus de 20 ans, qu'elle est indémodable, ce que j'approuve. Elle parle de sa coiffure avec ma coiffeuse. ''Ta couleur est tellement belle, je tuerais pour ces cheveux !'' complimente t-elle, à sa manière, le scalp de ma coiffeuse. Sans même que je m'y attende, elle me dit d'un seul coup, d'un seul : ''vos pieds sont magnifiques, vraiment, les bijoux de pieds doivent vous allez à merveille''. Moi qui savait pertinemment que mon vernis était imprésentable, moi qui considère mes pieds comme étant la partie de mon corps servant essentiellement à marcher et donc m'en occupant relativement peu, je m'étais senti tellement, mais tellement gênée.
Fouineuse ? Bruyante ? Touche à tout ? Indiscrète ? Oui j'aurais pu penser comme vous en lisant ce texte, et même moi j'ai une sainte horreur des gens qui s'incruste, et je ne laisse quiconque d'inconnu me toucher.
Mais Eve est différente. Eve a cette chose, rarissime, cadeau de la nature à de très rares élus. Eve possède la classe. La classe naturelle, la vraie. Celle qui fait que même fringuée en poissonnière elle pourrait poser pour Yves Saint-Laurent. Celle qui peut tourner une James Bond Girl auprès de l'homme le plus classe que je connaisse : Roger Moore dans sa jeunesse. Celle qui fait qu'on accepte tout et volontiers de ces personnes car on sent la vie qui exalte d'eux, on sent leur histoire, leur vécu, leur connaissances, leurs expériences, leurs sentiments, sans même leur avoir adressé la parole. Cette classe qui fait que l'on se retourne tout quand ils entrent dans une pièce, qu'on se sent tout en émoi et timide quand ils vous adresse la parole. Cette classe qui nous met presque dans une transe hypnotique au son de leur voix dès qu'ils ouvrent la bouche, à l'affût de l'observation de leur mimiques quand ils s'expriment. On aurait envie de les écouter parler d'eux pendant des heures, sans même prendre le temps de prendre une tasse de thé.
Je ne suis pas fouineuse. J'ai horreur de ça. Pourtant dès que la coiffure d'Eve est finie et qu'elle referme derrière la porte du magasin après un ''Au revoir mesdames !'', je saute sur ma coiffeuse pour lui dire combien Eve est une femme formidable, que je veux en savoir plus sur elle. Cela va rester en vous et moi d'accord ? Voilà ce que j'ai appris ce jour-là. Eve fut une femme du monde, une ancienne mannequin appuyée aux plus grandes réceptions. Eve a tenu un hôtel de luxe en Angleterre. Eve est une femme courageuse, car elle a une belle-mère affreuse qui la bat, comme en atteste les bleus, nombreux, les contusions que j'ai vu sur ses bras dénudés. Ses bras sans tâches de vieillesse, découverts pour la chaleur, mais violacés de bleus. Eve m'avait dit ''on ne me croit pas quand je dis que j'ai été une mannequin'' comment ne pas la croire ? Je m'étais même étonnée qu'elle ne soit plus actuellement tellement elle respire la beauté, l'intelligence, la vitalité, la force intérieure, la vérité. J'ai plaisir à imaginer Eve, jeune et la peau lisse, les cheveux d'un noisette soutenu, habillée dans les premiers design de Saint-Laurent, Dior ou Cardin.
Je regardais le miroir en face de moi. Eve était assise à ma gauche, tournée vers moi. Ma coiffeuse au-dessus de moi, en train de s'affairer sur mes cheveux. Eve me répète pour la troisième fois -au moins- ''vous êtes magnifique, vraiment. Comme vous avez raison d'afficher votre différence, vous êtes sensationnelle. Si tout cela avait existé dans ma jeunesse vous pouvez être sûre que j'aurais été identique à vous. Et vus êtes typée asiatique non ? Votre différence est magnifique et vous avez raison de la souligner''. J'avais ouvert la bouche pour répondre quand ma coiffeuse m'a coupée l'herbe sous le pied : ''et encore Eve, tu ne l'as pas vu quand elle est maquillée. Déjà qu'elle est belle de base, maquillée elle est divine''.
Je pense que ma réaction à ce moment a du être un rare et savant mélange entre les yeux comme des soucoupes et le 'couac' du canard effrayé. Je me répète cette phrase sans cesse depuis. Et vous ne pouvez savoir comme elle fait plaisir à mon cœur et combien elle m'aide à augmenter ma confiance en moi. Ma coiffeuse et moi nous connaissons de longue date, c'est une personne qui ne mâche absolument pas ses mots, ô que non ; et jamais, JAMAIS je n'avais parlé de maquillage avec elle. Jamais je n'aurais pu penser qu'elle faisait attention à ce genre de détails, je veux dire, à mon maquillage. J'étais à des kilomètres d'imaginer que non seulement elle y faisait attention mais qu'en plus elle l'appréciait, ce qu'elle pensait de moi apprêtée.
Ce jour-là, j'ai fait une rencontre fortuite. Une femme extraordinaire que j'aimerais du plus profond de mon cœur rencontrer à nouveau, et que l'on se reconnaisse, qu'on soit heureuses de se rencontrer par hasard à nouveau, et qu'on se pose quelque part pour parler, discuter, échanger, philosopher. C'est comme un désir cher à mon cœur. De revoir cette femme âgée que j'ai croisé une vingtaine de minutes. Ce jour-là, j'ai reçu un réel compliment spontané et inattendu d'une personne elle aussi inattendue. Quelque chose a changé en moi depuis ce jour-là, depuis ces vingt minutes là.
Alors vous aussi, vous qui lisez ce texte, ayez confiance en vous. Aujourd'hui ou demain, sans même que vous vous y attendiez, vous allez peut-être faire une rencontre qui va vous marquer, vous influencer. Une rencontre courte, fortuite, positive ou négative. Mais qui va changer quelque chose en vous, bousculer vos pensées. Et dites-moi, dites-moi si vous rencontrez votre Eve ...
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Hy mes pancakes !
Voici le shooting cosplay dont je vous avais parlé ! Enfin il s'agit d'un O.C : Original Création, dont d'une version personnelle et inédite de Zatsune que j'ai imaginée moi-même !
J'ai crée une sorte de chevalière Zatsune de la Renaissance, que j'imagine forte et brave, plutôt solitaire mais travaillant sans problème avec les autres et avec une princesse à protéger. Un peu comme la personnalité de Lady Oscar vous voyez ?
Un grand merci à Mari pour m'avoir prise en photo <3
Kérénisse
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Hy mes pancakes !
Comme promis, je vous retrouve dès maintenant avec ... Le fameux look de ma robe chinoise !
J'aime beaucoup shooter des looks mais j'ai difficilement la possibilité de le faire, et même pour les photos que je vais vous présenter, vous n'imaginez pas à quel point j'ai cru qu'elles n'existeraient jamais ! Mais finalement nous y voilà :)
Je ne porte jamais de choses courtes et moulantes, encore moins aux couleurs claires et avec des motifs voyants, ou des perles/breloques cousues dessus. Cette robe est une quintessence de ce que je rejette habituellement mais pourtant j'y ai eu un coup de cœur ! Et comme elle souligne vraiment la moindre rondeur, pour moi porter cette robe a été un véritable défi que je me suis imposé ... Et j'ai eu un véritable public pour me regarder au port et à la plage hahahahahahaha :') #gênance
La robe est un cadeau d'une tante et qui provient de sa boutique personnelle, je suis bien incapable de vous donner la marque excuse-moi.
Chaussures : Gémo
Lunettes : H&M
A bientôt
Kérénisse
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